L'émancipation de l'art et l'émancipation des femmes, deux sujets superbement abordés dans ce film. Réalisé par Mike Newell en 2003, on retrouve la fabuleuse Julia Roberts dans le rôle de Katherine, jeune diplômée qui devient professeur d’histoire de l’art dans une université de filles. On est dans les années 50, époque où les femmes se marient encore jeunes pour finir femmes au foyer, où la contraception est mal vue et le mariage sacré. En femme libre, passionnée par l’art contemporain, Katherine Watson va tenter d’apprendre à ces jeunes étudiantes à prendre leur vie en mains, à être maître de leur destin.
Ce film est une pépite. La « libération » des femmes semble étroitement et implicitement liée à celle de l’art contemporain, et je trouve ces analogies particulièrement pertinentes et intéressantes. Les chaînes du mariage semblent vouloir se libérer comme la gestuelle artistique que l’on retrouve dans les tableaux de Jackson Pollock. Par ce film, le réalisateur pose donc des questions d’actualité sur l’Art : l’Art est-il forcément beau ? A quel moment peut-on dire d’une création qu’elle est une œuvre d’art, un chef-d’œuvre ? Et ce que je trouve encore plus intéressant, c’est l’idée de mémoire qu’il y a derrière l’art : dans une scène particulière forte du film, Katherine interroge la place de la femme dans la société, en montrant des affiches publicitaires où on prône l'image de la femme au foyer, heureuse de faire le ménage et la cuisine… Est-ce donc ce que le futur gardera des années 50 ? Ces images de propagande qui enferment les femmes ? Malheureusement oui.
Ainsi, ce film se veut féministe, en présentant un personnage avant-gardiste et au fort caractère, le tout derrière un décor universitaire comme je les aime, et surtout la présence de l’art qui est plaisante et donc le seul point négatif pourrait être que j’aurais aimé en voir plus encore. Sa présence aurait pu être encore plus poussé en nous faisant voir davantage d’œuvres contemporaines.
Il nous permet aussi de faire un constat sur l'évolution du féminisme, du chemin qu'on a parcouru depuis les années 50 et c'est pour cela qu'il est particulièrement enrichissant. Mais par la question de mémoire abordée juste avant, il nous amène à penser aux œuvres et aux traces que les générations futures garderont de nous.
Pour résumer, Le Sourire de Mona Lisa est un superbe film, pour son enrichissement et les questions qu'il nous posent sur l'art et sur les femmes, ainsi que sur la mémoire de l'art. A voir et à revoir !
(Il est d'ailleurs disponible sur Netflix.)
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